Le Mythe du remplacement : Ce qu’OpenAI et les chiffres réels nous disent sur l’IA et l’avenir de votre emploi en 2025

By Boukary Ouédraogo
Le Mythe du remplacement : Ce qu’OpenAI et les chiffres réels nous disent sur l’IA et l’avenir de votre emploi en 2025

47,6% de victoires contre les experts : pourquoi ce chiffre est impressionnant, mais ne mène pas à l’apocalypse de l’emploi.)

 

Le Benchmark qui change tout

Il y a à peine quelques jours, le 29 septembre 2025, OpenAI a fait une publication absolument fascinante, bien au-delà d’un simple nouveau modèle d’IA. L’entreprise a dévoilé GDP Val (PBAL), un nouveau système d’évaluation (ou benchmark) conçu pour mesurer les performances des intelligences artificielles sur des tâches professionnelles concrètes. 

Contrairement aux benchmarks académiques déconnectés de la réalité, GDP Val est basé sur l’évaluation de 1320 tâches réelles couvrant 44 métiers différents. 

Ces tâches ont été spécifiquement créées par des professionnels possédant en moyenne 14 ans d'expérience. L’évaluation a été menée en aveugle par d’autres experts, comparant les résultats produits par les IA à ceux produits par des humains. Les résultats de ce benchmark sont révélateurs de l’état réel de l’IA en 2025. 

 

La révélation du GDP Val : Un concurrent écrase la compétition

OpenAI a fait preuve d'une honnêteté scientifique "absolument admirable" en publiant l'intégralité des résultats, y compris ceux qui montrent qu'un concurrent les surpasse. Le résultat le plus frappant est que Claude Opus 4.1 écrase tous les autres modèles. Il affiche un taux de victoire stupéfiant de 47,6 % contre les experts humains.

 Pour mettre cela en perspective, même ChatGPT-5 n’atteint « que » 38,8 % dans ce même classement. Claude est en tête dans 8 secteurs sur 9 analysés. C’est une performance historique et un "chapeau à l'artiste" pour OpenAI d'avoir publié ces données montrant qu'un rival les bat.

Mais que signifie concrètement ce chiffre de 47,6 % ? Cela signifie que dans moins de la moitié des cas, Claude produit un travail qui est jugé aussi bon ou meilleur que celui d’un expert avec 14 ans d’expérience. Oui, c’est impressionnant. Mais cela soulève immédiatement la question que beaucoup se posent : est-ce le signe d'une révolution imminente qui va entraîner l’automatisation de millions d’emplois dès demain matin ?

 

Le paradoxe économique : salaires en hausse et création nette d'emplois

Si les gros titres ont tendance à vendre un scénario apocalyptique, les chiffres réels du marché du travail racontent une histoire bien différente.

• L’augmentation des revenus dans les secteurs exposés : Le baromètre 2025 de PWC sur les métiers remplacés par l'IA révèle une tendance contre-intuitive : les salaires augmentent deux fois plus vite dans les industries les plus exposées à l’IA. De plus, les revenus dans les industries qui se positionnent pour adopter l’IA ont presque quadruplé depuis 2022. Ce n'est "pas exactement le scénario apocalyptique qu'on nous vend", n'est-ce pas ?

• La création nette d'emplois : Le Forum Économique Mondial (FEM) est souvent cité pour sa prédiction de la perte de 92 millions d’emplois d’ici 2030. Cependant, un élément crucial est souvent omis : le FEM prédit également la création de 170 millions de nouveaux emplois. Cela représente un solde net de 78 millions d’emplois supplémentaires.

Bien sûr, l’adaptation et la formation seront nécessaires, mais les données contredisent l'idée d'une "disparition massive du travail".

 

Les limites cruciales de l'IA révélées par GDP Val

Lorsque l'on examine les détails de l'étude GDP Val, des "choses absolument fascinantes" apparaissent concernant les limites actuelles des intelligences artificielles. Ces limites expliquent pourquoi un taux de victoire de 47,6 % ne se traduit pas par un remplacement immédiat et total des experts humains.

 

La nature "One-Shot" des tâches

La première limite majeure réside dans le format des tâches. Dans le benchmark, l'IA reçoit une instruction précise accompagnée de tous les fichiers nécessaires, et elle doit simplement produire le résultat. 

Or, dans le monde réel, les professionnels passent souvent la moitié de leur temps à clarifier le périmètre, à poser des questions et à comprendre véritablement ce que le client ou le manager souhaite. 

OpenAI a d’ailleurs testé une autre version du benchmark en donnant moins d'informations aux modèles. Le résultat fut sans appel : les performances de GPT-5 se sont effondrées.

 

Les erreurs catastrophiques

La deuxième limite, jugée "crucielle" par l'analyse, concerne les erreurs catastrophiques. Dans 2,7 % des cas, les modèles d'IA produisent des résultats "dangereusement faux". Il s’agit de cas où l'IA pourrait inventer des chiffres financiers critiques, recommander un traitement médical erroné, ou pire, insulter un client sans s’en rendre compte.

Dans le contexte professionnel, ces 2,7 % d'erreurs peuvent coûter infiniment plus cher à l’entreprise que tous les gains de productivité réalisés par les 97,3 % de tâches réussies. 

Un exemple concret est celui d'un test où Claude Opus 4.1 a inventé des prix de modèles d'IA, s'est excusé, puis a refait exactement la même erreur.

Un employé humain qui invente des données critiques serait licencié. Le calcul n'est donc pas aussi simple que de considérer qu'une IA qui fait des erreurs 2,7 % du temps, mais coûte moins cher, est un choix évident.

 

Leçons du passé : Le cas des radiologues

Pour mieux comprendre l'impact réel de l'IA sur un métier, il est utile de se pencher sur l'histoire récente. En 2016, Geoffrey Hinton, une figure considérée comme l'un des pères fondateurs de l'IA, avait déclaré qu'il fallait cesser de former les radiologues. À cette époque, les IA étaient déjà capables de détecter les pneumonies avec plus de précision qu'un panel de radiologues certifiés. Les gros titres étaient alors "apocalyptiques" et annonçaient que l'IA allait remplacer ces professionnels.

Mais quel a été le résultat huit ans plus tard ? Le salaire moyen des radiologues aux États-Unis s'élève à plus de 500 000 dollars par an, soit une augmentation de 48 % depuis 2015. L'effondrement prédit n'a jamais eu lieu.

Ce qui s'est réellement passé, c'est que les IA étaient performantes pour la détection standard, mais elles échouaient sur les cas limites, notamment chez certaines minorités techniques ou chez les enfants. De plus, l'IA ne pouvait gérer les autres aspects cruciaux du métier : la communication avec les patients, l'explication des résultats et la coordination avec d'autres médecins. Aujourd'hui, les radiologues ont intégré l'IA comme un outil, ce qui les a rendus plus productifs. Leurs salaires ont explosé et, paradoxalement, on en embauche désormais plus qu'avant.

 

L'ère de l'augmentation : de Devs à "Cyborgs productifs"

La vraie révolution en 2025 n'est pas le remplacement des humains, mais leur augmentation.

Des experts comme Andrej Karpathy (ancien d'OpenAI) prédisent que dans les cinq prochaines années, il y aura plus d'ingénieurs logiciels qu'aujourd'hui. Selon lui, l'IA ne remplacera pas les développeurs, elle les rendra exponentiellement plus productifs. Un développeur capable de réaliser en deux heures ce qui prenait auparavant deux jours est un atout majeur. Les entreprises, cherchant à tirer profit de cette productivité décuplée, embaucheront plus de développeurs, et non pas moins.

Ce "curieux paradoxe" est visible aujourd'hui : OpenAI, Anthropic, Google et Meta (MTA) recrutent massivement des chercheurs et des ingénieurs IA, alors même qu'ils développent des outils censés automatiser leur propre travail.

GDP Val confirme que, lorsqu’il est utilisé correctement par un expert, ChatGPT-5 peut multiplier la productivité de celui-ci par 1,5 à 1,8 selon les tâches. L'IA ne remplace pas l'expert, elle l'accélère.

 

Le Concept de "Super Agency"

McKinsey a publié des analyses montrant que les entreprises qui réussissent avec l'IA en 2025 ne sont pas celles qui cherchent à remplacer les humains, mais celles qui investissent dans la formation de leurs équipes pour travailler avec l'IA.

Le concept clé est celui de la "Super Agency". L’idée est que l’IA amplifie notre capacité d’action et de création (l’agence humaine). L'IA s’inscrit dans la lignée d'outils transformateurs comme l'imprimerie, Internet ou le smartphone. Ces technologies historiques ont créé infiniment plus d'opportunités qu'elles n'en ont détruites, à condition que les utilisateurs acceptent de s'adapter et de se former.

Jensen Huang, PDG de Nvidia, l’a résumé lors de Vivatech 2025 à Paris, affirmant que l'IA ne va pas rendre les gens obsolètes. Historiquement, une productivité accrue mène à plus d'embauches. La seule condition est de savoir utiliser ces nouveaux outils.

 

L'impératif de l'adaptation et le risque réel

L'adaptation n'est pas une option. Le Bureau américain des statistiques du travail estime que 20 millions d'Américains devront se recycler ou apprendre à utiliser l'IA dans les trois prochaines années.

Il est essentiel de faire une distinction fondamentale : 30 % des tâches actuelles pourraient être automatisées d'ici 2030, et non 30 % des emplois. C'est une nuance "énorme".

Quels sont alors les postes les plus menacés ?

 

La spécialisation des outils : Le pouvoir du « quel outil pour quelle tâche ? »

Le benchmark GDP Val révèle qu’il n'existe pas une seule IA qui écrase tout le monde, mais plutôt des outils différents pour des besoins différents.

• Claude 4.1 : Bat GPT-5 sur les aspects esthétiques, la mise en forme des documents, le design des slides et la présentation visuelle.

• GPT-5 : Bat Claude sur la précision factuelle, le fait de suivre les instructions à la lettre, l’exécution de calculs corrects, et la rigueur pure.

• Gemini 2.5 Pro : Offre le plus grand contexte d'un coup, avec 1 million de tokens, soit environ 750 000 mots.

• Grok 4 : Explose la compétition en mathématiques, ayant obtenu un score parfait de 100 % sur les tests de mai 2025.

Savoir quel outil précis utiliser pour quelle tâche spécifique est une compétence humaine que l'IA ne remplacera pas de sitôt.

 

Prédiction pour les cinq prochaines années

Si l’on agrège les données issues de GDP Val, des analyses de PWC/WEF, et des prédictions des experts, pour les cinq prochaines années :

  1. Les emplois qui vont disparaître sont principalement ceux des personnes qui refusent d'évoluer, c’est-à-dire les postes qui impliquent exactement les mêmes tâches répétitives sans adaptation.
  2. Les emplois qui vont exploser sont ceux qui combinent l'expertise humaine et la maîtrise de l'IA. Il s'agit du développeur qui utilise Claude et GPT-5 pour coder trois fois plus vite, du designer qui itère dix fois plus rapidement grâce à un outil comme Midjourney, ou de l'analyste capable de traiter des volumes de données manuellement impossibles à gérer seul.

Les entreprises performantes en 2025 ne remplacent pas leurs équipes par l'IA ; elles forment leurs équipes à devenir des "cyborgs productifs".

La fenêtre d'opportunité est ouverte. GDP Val montre que l'IA atteint 47 % de performance d'experts. 

Les salaires explosent dans les secteurs exposés. 170 millions de nouveaux emplois sont en cours de création. Mais le coût de l'inaction est élevé : 20 millions de personnes doivent se former maintenant

Maîtriser des outils comme Claude, GPT-5, Gemini et Grok n'est plus optionnel ; c'est ce qui permettra de multiplier votre valeur sur le marché. Les compétences de demain se construisent aujourd'hui.

 

Références 

Organisation

Référence Spécifique

Détails Cités

 

 

 

OpenAI

 

 

 

GDP Val (PBAL)

C'est un nouveau système d'évaluation (benchmark) publié le 29 septembre 2025 pour mesurer les performances des IA sur de vrais emplois. Il est basé sur 1320 tâches réelles couvrant 44 métiers différents. OpenAI a publié l'intégralité des résultats.

 

 

PWC (PriceWaterhouseCoopers)

 

 

Baromètre sur les jobs IA / métiers remplacés par l'IA 2025

Cette étude analyse près d'un milliard d'offres d'emploi sur six continents. Elle indique que les salaires augmentent deux fois plus vite dans les industries les plus exposées à l'IA, et que les revenus dans les industries adoptant l'IA ont presque quadruplé depuis 2022.

 

 

Forum Économique Mondial (FEM)

 

 

Prédictions 2030

Le FEM prédit la perte de 92 millions d’emplois d'ici 2030, mais aussi la création de 170 millions de nouveaux emplois, soit un solde net de 78 millions d’emplois en plus.

 

 

McKinsey

 

Publication sur les entreprises réussissant avec l'IA

McKinsey a publié des informations montrant que les entreprises qui réussissent avec l'IA sont celles qui forment leurs équipes à travailler avec l'IA, plutôt que celles qui cherchent à remplacer les humains.

 

Bureau américain des statistiques du travail

 

Estimation sur la reconversion

Le Bureau estime que 20 millions d'Américains devront se recycler ou apprendre à utiliser l'IA dans les trois prochaines années.

 

Bloomberg

Estimation sur l'automatisation des tâches

Bloomberg estime que l'IA peut remplacer 53 % des tâches d'un analyste de marché junior, mais seulement 9 % de celles de son manager.